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L'objection de conscience est indissociablement liée au développement des services civils et des volontariats, comme à leur réussite même

Un principe moral qui vaut le détour de la réflexion: l'objection de conscience

Concept et réalité encore peu explorés, l'objection de conscience se définit comme la posture de résistance morale qui, en tout être humain, conduit à s'opposer ou à esquiver l'exécution d'un acte portant atteinte à la dignité humaine. On le devine aisément, le champ d'application d'une telle aptitude est immense... Mais c'est dans la guerre que "l'injonction contradictoire" des valeurs morales d'une institution peut être la plus cruelle. C'est pourquoi la notion a rapidement été assimilée, mais de ce fait de façon trop restrictive, au refus du service militaire. En réalité, et fort heureusement pour l'Histoire, il y a également objection de conscience lorsqu'un soldat professionnel se refuse à infliger tout traitement inhumain à son adversaire (refus exigé par le droit de la guerre et les règlements de discipline générale des armées, comme garantie in fine de l'honneur militaire) ou, pire encore, au premier innocent venu, et ce quelques soient les avertissements ou ordres disculpants reçus de quelque hiérarchie que ce soit, puisque moralement et juridiquement parlant, chacun, soldat ou non, reste premier responsable de ses propres actes - sauf à ne plus être considéré comme un être humain. Si le "service civil" apparaît dans les sociétés contemporaines un peu partout dans le monde, après l'armée de masse constituée de conscrits largement sacrifiés dans l'histoire, c'est parce qu'il y a un progrès en cours, sous le joug des armes de destruction massive, dans la "continuation de la guerre par d'autres moyens" que la violence. Citoyenneté, démocratie... autant de manière d'entrer personnellement dans le conflit du monde, mener le combat autour et pour des idéaux, mais renoncer à l'utilisation de la force de destruction personnelle ou collective comme seul et unique argument...

Un principe philosophique

La philosophie s'attache inlassablement à sonder les aspects existentiels les plus essentiels. Le rapport à la vie, à la mort, au pouvoir, au collectif, à soi-même et à ses propres responsabilités, autant de jalons qui se télescopent dans le feu de l'action, lorsque soumis à de multiples contraintes, le manque de compréhension et d'analyse face aux événements peut conduire à faire n'importe quoi: exciter la haine de l'ennemi, tuer et se faire tuer, torturer, violer, estropier, entretenir indéfiniment des conflits absurdes, etc. Au centre de ces errements collectifs: chacun d'entre nous, dans une conscience plus ou moins éveillée de ses responsabilités en jeu... C'est donc le processus de "prise de conscience" au travers de "crises de conscience" et "cas de conscience" qui va constituer pour chacun-e le moment de "l'objection de conscience", ce moment socio-psychologique très particulier où l'individu, en son seul et unique fort intérieur, prend conscience du caractère insupportable de la posture violente dans laquelle il a pu jusqu'alors être conduit à agir à son propre détriment et au détriment de la collectivité. Il y a alors conflit de loyauté, problème de conscience, dilemme, qui peuvent conduire à des somatisations lorsque cette tension intérieure ne parvient pas à trouver de solutions dans l'action constructive et dans la société.

Un droit de l'homme à défendre dans le monde entier

Face aux dérives criminelles désastreuses dont l'histoire regorge en matière de système militaristes s'étant emballés dans de monstrueuses machines à exterminer (pillages, annexions, colonisations, fascismes, nazisme et toutes autres versions de totalitarismes fous), face à toute forme d'expression et d'utilisation de la violence comme méthode d'action sur le monde et les êtres, la Commission des Droits de l'Homme (devenue depuis Conseil des Droits de l'Homme) des Nations Unies a régulièrement adopté des "recommandations" adressées à tous les Etats membres sur l'importance de respecter pleinement un "droit à l'objection de conscience", particulièrement dans le cas de l'existence d'un service militaire obligatoire. Certains Etats ont inscrit ce droit dans leur Constitution (mais sans toujours traduire en pratique la réalité de ce droit...). La plupart ne respecte pas en totalité les recommandations du Conseil... Des progrès sont donc constamment à exiger un peu partout dans le monde. Depuis la fin du service militaire obligatoire en France (1996/2002), il est important de continuer de se préoccuper du développement du "droit à l'objection de conscience" à travers le monde. Ainsi, le passage au "volontariat - service civil volontaire" doit-il pouvoir s'accompagner d'actions de solidarité internationale visant à rendre accessible à tous les jeunes du monde entier la possibilité de faire un "volontariat" ou "service civil", y compris en remplacement du service militaire, dès lors qu'un jeune préfère servir son pays dans le développement des actions d'intérêt général au sein de la société et non seulement au sein d'une armée.

Pour un "volontariat par objection de conscience constructive"

Si le volontariat n'est pas inspiré par un minimum de sentiment de révolte et de désir de lutte contre l'injustice et l'inacceptable, on peut craindre que la seule onction de la "bonne action" ne soit suffisante pour justifier l'effort de volontariat... C'est pourquoi nous invitons tous les acteurs des "volontariats" à s'interroger en permanence sur les valeurs cardinales qu'ils souhaitent placer au coeur d'une démarche d'accueil et de mise en oeuvre d'un projet de volontariat. Le volontariat ne permet pas seulement de "se rendre utile" (toute vie ne saurait avoir à justifier de son utilité!)... Il permet, en regard de l'invasion atrophisante des rapports marchands dans le monde et dans les relations humaines, de réaffirmer le principe même de toute société: le partage, le don réciproque. Pas de société sans apports réciproques, chacun selon ses possibilités. Ce "faire société" qui est la base de tout volontariat s'accompagne nécessairement de la question: "quelle société"? Un projet de société qui ne viserait pas au dépassement de soi-même et au dépassement du soi collectif, c'est un projet condamné d'avance à l'échec personnel et collectif. C'est pourquoi le "sentiment de révolte", la non-acceptation de la souffrance, de l'injustice, des inégalités, voilà autant de gages de motivations personnelles pour accomplir un projet original dans le champ du volontariat. Qu'est-ce qui me met le plus en colère dans le monde actuel? Comment agir sur ce problème? Que faire pour apporter des solutions? Ce sont ces questions que nous invitons tout volontaire à se poser, avant, pendant et après une expérience de volontariat. C'est ce que nous appelons ici le "volontariat par objection de conscience constructive".

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